Claudine Goché-Monville est née en 1934, à Paris de parents martiniquais, son père était avocat de renom et sa mère enseignante. Sa famille s’était s'installée au Sénégal peu avant la deuxième guerre mondiale, et Claudine y a passé son enfance tout en faisant des séjours réguliers en France. Son éducation bourgeoise ne la prédisposait pas à la vie aventureuse qu'elle a menée. Des problèmes familiaux mirent fin à sa vie bien rangée. Claudine à 20 ans épousa Claude.
La situation politique tendue de l'Afrique à la fin des années 50 incita le couple à se lancer empiriquement dans la construction d'un petit voilier plutôt que de rentrer s'installer en France comme le faisaient alors les coloniaux. Ils partirent en 1960, avec leur petit garçon âgé de six ans, en abandonnant carrière, maison et situation pour une aventure jusque là réservée aux marins téméraires. Leur odyssée les a menés d'îles en îles, à travers l'Atlantique, la mer Caraïbe et le Pacifique jusqu'à Tahiti où ils se sont établis.
Deux autres garçons naquirent plus tard en Polynésie où Claudine et son mari se sont lancés dans un projet tout aussi incroyable, la construction d'un voilier de vingt mètres en acier, le Danaé III, seuls et de façon totalement artisanale. Alors que la Polynésie bouillonnait de vie et d'économie florissante grâce aux essais nucléaires, leur idée fut de créer, là, une forme de tourisme qui n'existait pas encore, le charter à voile. Ils pratiquèrent cette activité pendant plus de trente ans et éduquèrent leurs garçons à bord, grâce aux cours par correspondance du CNED, Claudine retrouvant ainsi sa première vocation d’enseignante.
Á l'âge de la retraite, alors que les garçons avaient quitté le bord familial et fait leur vie, le couple entreprit une dernière construction, toujours en amateur, d’un bateau de quinze mètres, à moteur cette fois, le Danaé IV, pour continuer leur activité touristique. Le décès de Claude mit définitivement fin à cette épopée. Aujourd'hui grand-mère et arrière grand-mère, Claudine s'est enfin décidée à raconter cette histoire quelque peu romanesque et vit toujours en Polynésie où elle dispense un enseignement maritime aux néophytes désireux de se lancer dans une aventure mieux encadrée.
L’île d’en face,est le récit du long périple de presque 3 ans au départ du Sénégal, en 1960 à destination de Tahiti, à bord d’un ketch de dix mètres, en bois, de construction classique avec bordées sur membrures ployées à chaud, un Grenam (sur les plans des architectes Grenier et Amiet). Un bateau construit par l’auteure et son mari et baptisé Danae II. Claudine Goché raconte sa mise en œuvre au début de l’ouvrage, puis la vie à bord, les étapes et les escales. Le Cap-Vert tout d’abord, puis les Antilles, Fort de France et Grenade, le Venezuela, …Aruba, Maracaibo, ensuite le Pacifique Sud, les Galápagos, et enfin l’île d‘en face, la dernière étape, les Marquises, puis Tahiti. Des photographies de l’époque émaillent ce récit passionnant à plus d’un titre, sincère et très chaleureux.